Scandale Shein : quand la “fast-consumption” prend les mœurs de court
Ces derniers jours, une histoire a fait la une de nombreux médias : des poupées Shein à l’apparence enfantine ont été découvertes sur la plateforme du même nom. C’est la DGCCRF qui l’a signalé, avant de transmettre le dossier à la justice.
Les médias l’ont raconté : les poupées venaient de vendeurs tiers, qui ont annoncé leurs produits sur la plateforme, cette dernière opérant comme Amazon. Ces annonces auraient échappé à tout contrôle, bien que tout démontrait une apparence enfantine. Scandale chez les autorités et l’opinion publique. Shein, de son côté, a promis de « faire la lumière ».
Les produits ont été retirés, les excuses présentées, mais le malaise, lui, est profond, et à juste titre ; parce qu’au-delà de l’aspect commercial, nous sommes face à un cas de conscience, et il nous a paru important de clarifier notre position sur ce sujet.
En tant que fabricant, nous connaissons la diversité du marché des poupées sexuelles : leurs gammes de prix, leurs modes de fabrication à grande échelle pour la plupart, leurs qualités variables… et leurs apparences. L’existence des poupées Shein n’a rien de nouveau pour nous, et d’un certain point de vue, nous sommes soulagés que la société découvre enfin cette réalité, et que la question éthique qu’elle soulève lui soit posée.
Pour nous, il est grand temps que cette zone grise disparaisse, car jusqu’à ce que ce scandale n’éclate, nombre de ces poupées ont été acheminées jusqu’à destination finale, sans éveiller d’alerte. Nous n’incriminons en aucun cas les services douaniers, qui font un travail aussi rigoureux que possible, avec leurs moyens. En revanche, nous sommes infiniment moins indulgents envers notre désir collectif de consommer à un rythme toujours plus vorace et sans recul, au point de brouiller notre capacité à faire la distinction entre le possible et le souhaitable.
Notre position est, et a toujours été, sans ambiguïté : aucune justification ne peut rendre ces poupées acceptables. L’idée selon laquelle un tel objet pourrait « prévenir » la violence réelle est une illusion dangereuse.
La dignité humaine n’est pas négociable ; elle ne se compense pas par un ersatz. Ce n’est pas parce qu’un objet imite l’humain que tout devient permis. Croire que l’on peut éviter la violence en la transposant sur une imitation, c’est déjà valider la violence elle-même. Le fait de concevoir (ou même de désirer) une poupée à l’apparence enfantine dotée d’attributs sexuels n’est pas un remède, c’est le signe d’une déviance qu’il faut nommer, exposer, et refuser.
Cette affaire des poupées Shein doit sonner l’alarme. Elle nous montre combien il est facile de perdre nos valeurs éthiques les plus basiques si notre consommation n’est pas, avant tout, guidée par une boussole morale claire, collective, et inébranlable.
Photo : Jordan Madrid – Unsplash
